Marie-France Thibault a développé un moyen d’expression unique
avec lequel elle crée des tableaux lumineux d’une grande sensibilité.

L’artiste, dentellière du papier et artisane des jeux d’éclairage,
crée des installations qui ont la parole intemporelle des conteuses d’antan.

Exposition Espace Pierre-Debain


Du 29 octobre au 14 décembre 2008

Le weekend du 8-9 novembre 2008, quelle ne fut pas ma surprise en découvrant le grand héron jaune sur la première page du cahier des arts et spectacles du journal Le Droit, Ottawa Gatineau. La journaliste, Valérie Lessard a si bien décrit ma démarche en vue de cette exposition que je ne peux faire autrement que de vous laisser parcourir son texte.

GESTES, PAPIER, CISEAUX

Marie-France Thibault dessine…avec des ciseaux et des X-acto. Pour l,artiste gatinoise, le papier est un outil pour construire des personnages, des animaux, des décors et des histoires, e la lumière représente une façon de cécouper l’espace pour créer ses tableaux. Portrait d’une dentellière du papier.
La rencontre a lieu à l’espace Pierre-Debain, à la vieille du vernissage de son exposition, Contes d’ombres et de lumière. Au milieu de la salle, sur le fond jaune d’un écran, un héron déploie magistralement ses ailes, alors qu’un peu plus loin, des arbres finement ciselés tendent leurs branches jusque sur les murs. Dans l’univers fantasmagorique de Marie-France Thibault, les contrastes sont rois, et les couleurs vibrent pour mieux souligner le noir,
« Je vois le monde en silhouette, déclare la principale intéressée en souriant. Tout le monde s’est un jour amusé à observer les nuages dans le ciel et à les transformer en animaux ou en objets. Moi, je fais ça avec tout ce qui m’entoure. Sur un mur de briques, je vais deviner la texture d’un visage. Dans un trou d’eau, je peux voir un oiseau. Alors, imagine tout ce que je peux voir dans un bout de papier, mes ciseaux à la main! »
Scénographe de formation, Marie-France Thibault confie que, pendant ses études, elle aimait dessiner costumes et décors, mais n’aimait pas devoir ensuite les coudre et les construire. Pas étonnant que, en visitant l’exposition d,une troupe italienne de théâtre d’ombre, lors du Festival international des arts de la marionnette de 1997, elle éprouve un coup de foudre pour ce médium.

Une révélation
« Ç’a été une révélation, se souvient-elle. Je venais de découvrir une façon de dessiner applicable tout de suite, qui n’avait pas besoin de passer par l’étape de la fabrication. »
Sans le savoir, celle qui a des ancêtres amérindiens (« Je suis de cinquième génération d’Algonquins de la région de Maniwaki ») venait aussi de renouer avec une part de son héritage culturel. « J’ai grandi dans la nature et j’ai toujours aimé la simplicité des silhouettes. Quand j’ai commencé à travailler des contes animaliers en théâtre d’ombre, j’ai senti ressortir cet héritage à travers mes créations, qui ne sont pas sans rappeler l’art amérindien. »


Exposition
Par l’entremise de son exposition, Marie-France Thibault voulait justement montrer le mécanisme de sa création. L’installation permet de voir comment elle crée ses tableaux lumineux, du découpage de ses personnages de papier et de carton – plus ou moins épais, pour créer des zones de gris- jusqu’à la photo finale, en passant par sa conception d’éclairage.

Ici, elle décuple les projecteurs, pour créer du mouvement dans ses images. Résultat? Un poisson qui gigote au bout de la ligne d’un pêcheur. Là, elle accroche ses arbres ajourés pour donner l’occasion aux visiteurs de se promener dans sa forêt d’ombres et de lumière.

« J’avais vraiment envie de mettre en valeur l’aspect théâtrale de ce que je fais, que les gens aient l’impression de se retrouver à l’arrière-scène et comprennent comment je travaille », explique-t-elle.
Bien qu’elle retouche à l’occasion certaines de ses photos, Marie-France Thibault ne veut pas « faire de collages à l’ordinateur ». « C’est le côté artisanal de mon travail, le découpage proprement dit, qui m’allume. »

Entre les masses noires, «qui rappellent souvent nos craintes », les couleurs jettent un éclairage vibrant sur un imaginaire foisonnant et révèlent, surtout, une artiste aux fascinants doigts de fée.

VALÉRIE LESSARD
Journal Le Droit

8-9 Novembre 2008
Cahier des arts A3